Kisangani : « Libérer » les enfants des rues en restant dans la rue, une approche inédite proposée par un laboratoire universitaire

Une nouvelle méthode d’encadrement des enfants en situation de rue, qui privilégie l’action éducative dans leur propre milieu de vie plutôt qu’un retrait forcé, a été proposée samedi par le laboratoire de philosophie du droit, de l’éducation et du numérique, basé à Kisangani (nord-est de la RDC), à l’occasion de la Journée nationale des FARDC, a-t-on appris.

« On ne libère pas un enfant de la rue contre sa volonté : il faut d’abord aller le rejoindre là où il est, physiquement et humainement », a déclaré le professeur Grison-Trésor Kakumbi, directeur du laboratoire, en plaidant pour une approche d’écoute, de soins et de responsabilisation.
Aujourd’hui, alors que le pays célèbre la bravoure de ses forces armées, il est impératif de reconnaître qu’une grande partie de notre population, en particulier les enfants des rues, demeure abandonnée. Ces enfants vivent dans des conditions inhumaines, sans encadrement, ni accompagnement digne de ce nom », a déploré le professeur Grison-Trésor Kakumbi, directeur du laboratoire.

M. Kakumbi a exposé une approche alternative, centrée sur le respect du libre arbitre de ces enfants. « L’expérience démontre que lorsqu’un enfant est arraché de la rue par la contrainte, il y retourne tôt ou tard. C’est pourquoi nous privilégions une présence éducative au sein même de leur environnement. Nos éducateurs de rue vont à leur rencontre, les écoutent, les forment et les orientent progressivement vers une réinsertion choisie », a-t-il expliqué.

Le professeur a également mis en lumière l’aspect sanitaire de cette démarche, en soulignant l’implication d’une équipe médicale. « Nous collaborons avec des professionnels de santé pour assurer une prise en charge adaptée. Certains enfants, en particulier des jeunes filles âgées de 12 à 15 ans, se livrent à la prostitution et plusieurs sont enceintes. La situation est alarmante et nécessite une réponse multisectorielle », a-t-il précisé.
Selon le laboratoire, cette approche vise à responsabiliser les enfants tout en leur offrant les outils nécessaires pour envisager un avenir hors de la rue, dans la dignité et avec des perspectives réelles d’autonomie.

Christian UZILO

La Rédaction
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