Honorable Député national, Cher collègue, Les privilèges de l’aînesse m’ont poussé à sortir de la réserve que je me suis imposée depuis un certai
Honorable Député national, Cher collègue,
Les privilèges de l’aînesse m’ont poussé à sortir de la réserve que je me suis imposée depuis un certain temps, pour vous adresser ces quelques considérations à la suite de votre sortie médiatique de ce lundi 18 juillet 2022. Nous autres bantous, sommes enclins à user des prérogatives de la séniorité pour apprécier et, le cas échéant, évaluer les prestations de nos puinés sur pied de nos valeurs civilisationelles et culturelles propres.
En liminaire, je voudrais reconnaître la légitimité de votre droit à prendre position dans le débat politique particulièrement houleux en cours dans ce pays que nous avons en partage et dont nous avons reçu mandat de représenter le peuple au sein de la chambre basse du parlement.
Je dois néanmoins vous dire mon désappointement de vous entendre emboucher de manière aussi drastique les trompettes de Jéricho contre le Président Félix Tshisekedi dont vous avez été pendant si longtemps été un collaborateur fidèle au sein de sa formation politique, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) au point de prendre – et de donner – des coups aussi pernicieux que périlleux pour l’un et l’autre.
J’ai souvenance des saillies musclées de groupes de jeunes motards, appelés « Wewas » dont vous étiez « le général » dans les rues de Kinshasa aux trousses des adversaires réels ou supposés des orientations adoptées par le chef de l’État, au temps de la coalition CACH-FCC, qui étaient promptement molestés et voyaient leurs biens mobiliers (voitures) et immobiliers vandalisés par ces gros bras assurés de l’impunité que votre implication personnelle leur garantissait.
A bon escient, d’aucuns attribuent les difficultés qu’éprouvent actuellement les autorités à éradiquer les externalités négatives développées dans notre ville- province capitale à ces « Wewas » que vous aviez entretenus et couvés, en déployant votre parapluie de patron du parti au pouvoir, par ailleurs N° 2 de l’Assemblée nationale.
Savez-vous que jusqu’à ce jour où vous vous êtes résolu de jeter aux orties le Président Tshisekedi, son UDPS et l’ensemble du régime de l’Union sacrée de la nation que vous avez ensemble porté sur les fonts baptismaux, ces jeunes concitoyens, nageant dans une permissivité digne du Far West américain, sont toujours à la base de nombreux abus et se comportent en véritables hors-la-loi, en répandant dans nos communes, nos quartiers et nos rues des pratiques qui portent plus gravement atteinte à nos chances de développement et d’émergence que toutes les agressions extérieures que vous avez, à juste titre, évoqué dans votre communication ?
Je suis resté perplexe face à la sélectivité de votre émotion quant aux fléaux qui rongent notre vivre-ensemble, lorsque vous gardez le silence sur la dilution chez les usagers des emprises des infrastructures publiques de la saine « peur du gendarme », suite à des initiatives dont vous avez personnellement assumé la paternité il n’y a pas si longtemps ; une situation qui se manifeste par des phénomènes comme la défectuosité des véhicules automoteurs (« esprit de mort ») et la non-identification des taximen-motards « Wewas » qui prennent impunément d’assaut nos chaussées et qui, en cas d’accident par exemple, même de leur faute, se coalisent pour se faire justice comme on l’a vu ce dimanche 17 juillet, devant le site Aqua Splash à Kingabwa, sans craindre le moindre acte de répression des forces de l’ordre.
Il n’y a certes pas eu mort d’homme pour cet incident qui s’est soldé par l’incendie volontaire du véhicule, propriété d’un malheureux compatriote qui a eu la malchance de croiser l’itinéraire d’un motard ignorant manifestement tout du code de la circulation routière, mais de telles externalités négatives risquent si l’on n’y prend garde de déboucher sur une guerre civile, une perturbation majeure de l’ordre public ou une déstabilisation irrémédiable du pays, lesquelles ne sont pas le fruit d’une génération spontanée, loin s’en faut.
Vous rendez-vous compte que les forces de police, certes déconcertées par le déficit de ceux qui en ont la tutelle au niveau du gouvernement sont aussi décontenancées par votre fait, dès lors qu’on vous a vu publiquement menacer de pires représailles l’officier général qui les commande ?
Vous avez choisi, et c’est votre droit, de rejoindre d’autres de nos compatriotes qui se positionnent dans une radicalité excessive. Lorsque, pour émouvoir l’opinion, vous parlez comme d’un secret d’alcôve de « la mise en péril par le régime Tshisekedi de la périodicité, la sincérité et la transparence des élections de 2023 en préparant le glissement et une fraude massive », sans étayer ces graves accusations d’éléments de preuve, ceux de vos concitoyens qui vous ont vu naguère déployer une belle opiniâtreté pour rameuter autour de Félix-Antoine Tshisekedi et son Union sacrée une majorité d’au moins 400 députés nationaux ne sont pas loin de croire en une véritable métempsycose.
Last but not least, il n’est pas inutile de rappeler que ce sont les actes de violences infligées sur la voie publique par vos gardes du corps à un membre de nos forces de défense, suivis d’une rétorsion toute aussi illégale de la part des collègues de ce dernier, furieux de l’humiliation subie par leur compagnon, qui ont distendu vos rapports avec l’UDPS et l’Union sacrée de la nation. Il ne s’est pas agi, à ma connaissance, d’une divergence politique ou idéologique. J’en veux pour preuve, le fait que vous continuez à vous prévaloir de l’héritage politique du Premier Ministre Etienne Tshisekedi wa Mulumba, fondateur de l’UDPS dont se réclame également Félix Tshisekedi.
A la réflexion, votre sortie manichéiste me paraît un mauvais remède à une de ces banales plaies d’amour-propre qui jalonnent le parcours professionnel de tout acteur politique. Votre attitude consistant à vous formaliser outre-mesure de cette lésion d’amour-propre ne me paraît pas de bonne guerre.
Ce qui intéresse le Congolais lambda aujourd’hui, ce sont moins les jérémiades et l’orgueil blessé de ceux qui parlent en leurs noms, que les menaces sérieuses contre l’intégrité de leur territoire que des groupes terroristes manipulés par la principauté militaire rwandaise font peser sur leur pays à partir de nos provinces septentrionales et qui appellent à l’unité nationale. Tout le reste n’est que distraction, billevesées et calembredaines.
Avec mes sentiments patriotiques et fraternels.
Kinshasa, le 18 juillet 2022
Lambert Mende Omalanga
Député national
(Source : ACP)
La Rédaction
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