63 ans après l'accession de la RDC à sa souveraineté nationale et internationale ont été abordés par le politologue et professeur ordinaire Mathieu
63 ans après l’accession de la RDC à sa souveraineté nationale et internationale ont été abordés par le politologue et professeur ordinaire Mathieu KIRONGOZI, doyen de la faculté des sciences sociales, administrative et politique de l’Université de Kisangani, au cours d’une interview accordée samedi dans son office de travail à nos confrères de l’ACP.
Mathieu KIRONGOZI Bometa a parlé dans les réponses à nos trois questions que la République Démocratique du Congo longtemps libre et dirigée par ses propres fils devrait donc 63 ans après, atteindre un certain niveau de développement par rapport aux points où nous étions à 1960.
[Question 1 : 30/06/1960- 30/06/2023, Cela fait pratiquement 63 ans depuis que la RDC a accédé à sa souveraineté nationale et internationale. Quelle analyse vous faites en tant que politologue ?]
Mathieu KIRONGOZI :
« 63 ans après, on a fait 6 décennies plus 3 ans. Moi, Je suis professeur à l’Université, à 65 ans, c’est l’âge de la retraite. Donc, il ne me reste que 2 ans pour que je totalise 65 ans, l’âge de la retraite pour devenir professeur Émérite. En fait, à 63 ans, la RDC qui est restée longtemps libre et dirigée par ses propres fils, devrait atteindre un certain niveau un peu plus élevé par rapport à 1960.
Aujourd’hui, nous célébrons les 63 ans, mais vous savez qu’une bonne partie de notre pays n’est pas géré par le gouvernement central. Ça signifie qu’on n’a pas réussi dans les 63 ans. Au lieu qu’on se mette à transformer cet espace, à le développer ; maintenant nous sommes en train de perdre des morceaux importants, des parties importantes qui devraient donc faire parties intégrantes du pays et qui devraient contribuer à l’essor du développement du pays.
Le sentiment que je peux avoir aujourd’hui là donc, c’est un sentiment de regret, car 63 ans après, on n’a pas réussi à démarrer ce grand pays qui a une dimension sous continentale. Les Congolais ne sont pas capables de gérer l’espace. Est-ce qu’aujourd’hui les paroles de profondeur tenues par Lumumba dans son discours ont encore une signification aux congolais ? Si les belges suivent ce discours, ils vont se moquer de nous. Ils vont dire mais ces gens prétendaient transformer leur espace après nous. Aujourd’hui, nous constatons que le peu de biens que les belges ont laissé sur le plan infrastructure, sur le plan même de l’organisation de la société, nous avons régressé.
63 ans apres, ce n’est pas une fête, mais un moment d’interpellation pour tout congolais. Nous sommes devenus indépendants, mais nous semblons ne pas prendre les choses au sérieux, nous n’arrivons pas à transformer ce pays alors que nous nous considérons comme un peuple libre ».
[Question 2 : Est-ce que selon vous, 63 ans après, la RDC a enregistré des avancées significatives sur le plan social et politique ? Si oui, Citez-nous quelques-unes. Sinon, qu’est-ce qui est à la base de cela ?]
Mathieu KIRONGOZI Bometa :
« Chercher à parler des avancées significatives, moi je pense qu’il n’y a pas. Si on peut mettre un accent sur ça, ce serait comme si on est en train de se contenter de ce petit pas que nous avons franchi. Dire que rien n’a été fait, ça serait comme un négationnisme. On ne dira pas que rien n’a été fait, mais par rapport aux attentes, ça paraît comme une goutte d’eau dans le fleuve.
Quelques réalisations ont été faites, mais ses réalisations par rapport au nombre d’années et à ce que le pays représente en terme des richesses, on a du mal à évoquer ce qu’on peut considérer comme réalisation.
La chose la plus importante est de dire qu’aujourd’hui là, nous ne sommes plus un pays dépendant, nous avons des textes légaux qui régissent le pays auquel nous sommes appelés à transformer. Et donc, nous considérons des gens qui travaillent pour le devenir de leur pays ».
[Question 3 : En tant que politologue, quelles pistes de solution vous proposez aux dirigeants de notre pays pour capitaliser les acquis de cette lutte menée par les pères de l’indépendance ?]
Mathieu KIRONGOZI :
« Pour que notre pays la RDC puisse se rattraper et être réellement ce qu’il mérite comme disait Frans Fano ; l’Afrique a la forme de revolver dont la gâchette se trouve en RDC, c’est-à-dire le point de développement de l’Afrique doit partir du Congo Kinshasa ; pour qu’on y arrive, nous devons avoir des gens consciencieux et qui ont réellement l’amour de la patrie et l’amour du prochain.
Et parmi ces pistes de solution, le pays a un problème d’hommes, mais il faudrait qu’on part de la refondation de l’État. J’entends par là, la restauration de l’administration publique qui est un élément important pour que les pays fonctionne correctement, l’État doit jouer son rôle. Et lorsqu’on parle de la restauration de l’administration publique, c’est-à-dire avoir des agents de l’État bien équipés en matériels nécessaires, avoir de bons salaires. A cela, éviter de recruter les agents sur base de tribalisme, clientélisme, régionalisme ; mais plutôt, sur base de la compétition où la méritocratie doit être privilégiée.
A cela on doit s’ajouter, une justice constituée des gens consciencieux qui savent respecter la loi et faire appliquer la rigueur de la loi à tout le monde de manière équitable, une armée composée des militaires bien formés et équipés, et aussi mieux rémunérés, ayant l’amour de leur patrie. Avoir également une police responsable, les services de renseignement qui ne rançonnent pas les citoyens, mais qui assurent la sécurité du pays et qui cherchent des informations pour protéger les institutions.
Un autre élément très capital c’est la bonne gouvernance, c’est-à-dire lutter contre le détournement des biens publics, la lutte contre le clientélisme, mettre fin à l’impunité ».
Signalons que malgré la précarité à laquelle les fonctionnaires de l’État font face, la population de la ville Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, en République Démocratique du Congo a été au rendez-vous dans les lieux de divertissement, à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance de la RDC.
JULEP/Lumière News
La Rédaction
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