Tshopo | “Motion de défiance contre Paulin Lendongolia Lebabonga : Un révélateur troublant du tribalisme politique”  Analyse de rédaction

Tshopo | “Motion de défiance contre Paulin Lendongolia Lebabonga : Un révélateur troublant du tribalisme politique” Analyse de rédaction

Au cœur de la province de la Tshopo, une crise politique larvée vient de ressurgir avec la décision d’un groupe de députés provinciaux de déposer une motion de défiance contre le gouverneur en exercice, Paulin Lendongolia Lebabonga.

Officiellement, ces élus dénoncent la “mauvaise gestion” supposée du gouverneur. Leur argumentaire public s’appuie sur des griefs administratifs et financiers. Pourtant, une analyse plus fouillée des arrière-pensées de ces protagonistes révèle, (outre une main noire tentaculaire depuis la capitale avec l’arrivée simultanée de plusieurs élus nationaux), un tout autre motif : ils contestent sa légitimité non pas sur des critères objectifs, mais sur la base d’une appartenance territoriale.

Le gouverneur étant originaire de Banalia, un territoire voisin d’Isangi, le territoire natal des députés à l’initiative de cette motion, ces derniers considèrent que la province ne peut être dirigée que par un natif d’Isangi.

La territorialisation du pouvoir : un poison pour la cohésion provinciale

Ce phénomène de tribalisation et de territorialisation de la gestion publique est profondément alarmant. En transformant un débat politique en une lutte identitaire inconciliable, ces députés alimentent des tensions inutiles au sommet de la gouvernance provinciale.

Le véritable enjeu dépasse la simple question de la compétence ou de la performance du gouverneur : il s’agit ici d’une volonté clairement affichée de monopoliser le pouvoir au sein d’un territoire spécifique, en l’occurrence Isangi. Cette logique exclut de facto toute autre origine territoriale et fragmente l’unité provinciale.

Cela contribue à créer un climat de suspicions et de divisions entre les populations des différents territoires qui composent la Tshopo.

La bonne gouvernance exige au contraire une approche inclusive et une gestion tournée vers l’intérêt général et non vers des revendications territoriales étroites.

Une stratégie déguisée derrière des accusations

Ce qui aggrave la situation, c’est que les motifs officiels avancés par ces députés notamment la “mauvaise gestion, incompétence” servent de prétexte commode pour dissimuler des ambitions territoriales égoïstes. Ils se félicitent déjà en privé de la perspective d’accéder au pouvoir local, puisque le vice-gouverneur, qui est leur compatriote d’Isangi, deviendrait, en cas de départ forcé du gouverneur, l’intérimaire légitime.

Prises à la lettre, leurs demandes révèlent une stratégie claire visant à affaiblir et à déstabiliser la gouvernance actuelle. Et dans cette manœuvre, ils n’hésitent pas à solliciter la coupure des subsides et de tout appui financier et administratif au gouverneur, via une intervention directe auprès du ministre des Finances. Une pression institutionnelle à la fois cynique et irresponsable, car elle met en péril non seulement l’équilibre politique de la province, mais aussi la mise en œuvre des politiques publiques.

Les conséquences politiques et sécuritaires lourdes pour la province

Ce comportement irresponsable doit être dénoncé avec fermeté. En fragilisant la gouvernance provinciale au moment où celle-ci reste un maillon essentiel dans la concrétisation de la vision du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo pour la région, ces députés compromettent directement les efforts de stabilisation et de développement dans cette province, la Tshopo. Le gouverneur actuel Paulin Lendongolia Lebabonga s’était engagé à porter cette vision, à travailler dans l’unité, et à renforcer la paix sociale.

Mais plus grave encore, ce tiraillement politique affaiblit la position de l’État face à des forces hostiles déjà présentes à l’Est du Congo. L’ennemi, qui observe attentivement ces divisions, y voit une opportunité pour s’implanter durablement dans la région de Kisangani. Cette déstabilisation interne est précisément ce dont il a besoin pour asseoir son influence et étendre son territoire.

Une mauvaise perception de la gestion publique dans les provinces

Cette crise est représentative d’une perception erronée de la gestion publique territoriale en RDC, où l’appartenance ethnique ou territoriale prime sur les compétences et la mission commune. Il est urgent de rappeler que la République est indivisible et que la réussite de chaque province dépend d’un leadership inclusif, capable de transcender les égos et les particularismes.

Défendre l’intérêt provincial sous l’angle exclusif d’un territoire étroit revient à se condamner à l’immobilisme et au conflit permanent. Ce type de schéma ouvre la voie à un cycle toxique qui mine la confiance entre élus et populations, mais aussi entre les institutions.

Appel à la responsabilité politique et à la sagesse

Au moment où la Tshopo doit relever de nombreux défis économiques, sociaux et sécuritaires, le rôle des élus est d’œuvrer à la cohésion et à la stabilité, et non à la division et à la défiance systématique. Cette motion de défiance, nourrie par des motivations tribalistes et territoriales, est un très mauvais signal envoyé aux citoyens.

Il incombe aux cadres politiques, au ministre des Finances, ainsi qu’aux institutions nationales, de rejeter fermement ce genre d’attitude qui affaiblit l’autorité de l’État et compromet la paix sociale. La gestion provinciale ne doit pas être un terrain de jeu pour des intérêts particuliers mais bien un espace dédié à la protection, à la promotion et au développement collectif.

La motion de défiance contre le gouverneur de la Tshopo, bien que présentée comme un acte démocratique justifié par une mauvaise gestion, cache une réalité plus inquiétante : la territorialisation du pouvoir et la tribalisation des rapports politiques à un niveau provincial qui fragilisent l’unité et la gouvernance. Cette démarche non seulement déstabilise la province mais met aussi en danger les acquis du Président de la République, en rendant la province vulnérable à l’insécurité endémique.

La Tshopo mérite mieux qu’une guerre des territoires. Elle a besoin d’une gouvernance inclusive, stabilisatrice, tournée vers le développement et la paix. Il est temps que ces élus provinciaux transcendent leurs intérêts particularistes et prennent conscience de leur responsabilité envers l’ensemble des habitants de la province. Le véritable service public ne connaît ni frontières territoriales ni tribalismes, il n’a que faire des calculs politiciens au détriment de l’intérêt commun.

Rédaction
+243852402006

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